[Terminée] Rencontres nocturnes [pc Astéria Madsen]

Astéria avait peur. Elle se retrouvait dans une situation peu commune pour elle, totalement inhabituelle. La sirène ne se mettait jamais en danger volontairement. Elle n'était jamais à la recherche de sensations, de danger. Elle aimait le calme et la tranquillité. La sécurité, aussi. C'était en partie pour cela qu'elle ne chassait jamais en dehors de son territoire - ou presque. Dernièrement, depuis quelques semaines, elle semblait faire n'importe quoi. Peut-être devenait-elle imprudente à force d'entendre les siens lui raconter que le monde extérieur n'était pas si dangereux pour qui savait se montrer prudent et que l'on pouvait s'y amuser, comme n'importe qui. Astéria était restée longtemps plus que prudente, ne songeant jamais à s'amuser, à adresser la parole aux autres créatures... Aujourd'hui, elle avait fait une exception, s'adressant à un inconnu sur un territoire qui n'était pas le sien, dans le but d'en faire sa proie. Mauvaise idée. Cet homme s'était révélé une bien mauvaise proie, elle s'était mise inutilement en danger et la voilà maintenant dans une situation qui lui échappait totalement. Alors, oui, Astéria était submergée par la peur et c'était un sentiment qu'elle avait toujours très mal contrôlé.

Heureusement, elle n'était pas seule. Erik était là, prêt à l'aider. Sans lui, il était vrai qu'elle ne se serait jamais mise dans cette situation - même si elle restait la seule responsable de tout ce qui était en train de se passer -, mais elle n'aurait jamais su comment agir s'il avait pris la fuite. Elle n'était pas habituée de ce monde, de la Garde d'Arcadia. Pour elle, toutes les créatures étaient les mêmes : mauvaises. Pour elle, toutes les créatures avaient la même vision des sirènes : mauvaise. Alors elle se sentait prise au piège, en danger. Suivant Erik, sans discuter, lui donnant sa confiance comme elle ne l'avait jamais donné à aucune autre créature auparavant, elle s'était cachée dans une ruelle. Elle trouvait cette protection bien mince, cette cachette insuffisante. Alors plutôt que rester discrète au cas-où certains membres de la garde avaient une ouïe sur-développée, la sirène questionnait le semi. Était-ce suffisant ? Que ferait la Garde s'il les trouvait ?

Tandis qu'Astéria se terrait dans son coin, Erik gardait un oeil sur l'entrée de la ruelle. Il lui conseilla simplement d'être discrète et de ne bouger qu'au bon moment. Si la première chose paraissait compliquée tant la peur était présente, la seconde lui paraissait bien plus simple : elle ne bougerait pas tant que le semi ne lui aurait pas dit. Il avait ce qu'elle n'avait pas : des sens développés lui permettant de connaître le meilleur moment pour bouger, fuir, se cacher. Elle, elle n'entendait rien d'autre que des bruits lointains et imprécis.

La sirène ne put alors pas s'empêcher de partager ses craintes. Parce qu'en les partageant, elle avait l'impression de se libérer d'un poids, de mettre en garde le loup sur le fait qu'elle ne serait pas d'une grande aide. Si l'obscurité n'aidait pas, elle sentit le regard de l'homme se tourner vers elle et elle remarqua son sourire rassurant - ou qui voulait l'être, en tout cas. La sirène n'était pas complètement stupide, elle savait bien qu'il tentait de la rassurer - et ça fonctionnait, un petit peu. Elle n'imaginait pas voir ça, un jour, comme une histoire amusante, mais elle imaginait qu'il était possible, en revanche, qu'ils s'en sortent. Ils n'étaient pas favoris dans cette histoire : moins nombreux, parfaits coupables... Mais s'ils le voulaient, il y avait une chance. Il fallait qu'il y en ait une. Alors aux mots rassurants du semi, la sirène se contenta de hocher la tête de haut en bas, ajoutant un simple : « merci. » dans un souffle.

L'attention de l'homme se reporta sur la ruelle et Astéria n'ajouta plus rien. Elle devait le laisser se concentrer. C'était peut-être leur meilleure chance. Même sans avoir de sens plus développés que la moyenne, Astéria comprenait que les gardes étaient là, tout proche. Son coeur s'accéléra encore et elle ferma les yeux, priant ses dieux pour ne pas avoir de problème. L'homme se tourna alors de nouveau vers elle, lui posant une première question. Nérina n'avait pas fini, mais elle pouvait toujours s'abriter là-bas, oui. Encore fallait-il, néanmoins, qu'elle puisse sortir entière de cette maudite ruelle. Pour toute réponse, elle fit un simple oui de la tête. Oui, si c'était le plan du semi, elle y arriverait. Puis, elle fut étonnée de la suite de sa proposition. Elle s'attendait à un plan leur permettant de s'échapper tous les deux. A la place, il lui offrait une chance en se mettant lui-même en danger. Il lui intima alors de ne surtout pas le suivre, l'attendre ou l'aider. Une chose nouvelle en elle, une chose qu'elle n'éprouvait que pour ses proches, l'embêtait : voulait-elle vraiment que quelqu'un se mette en danger tandis qu'elle, elle allait y échapper ? Acceptait-elle que l'on fasse ça pour elle ? Dans le fond, elle se disait que partir sans se retourner, c'était aussi lui donner une chance en ne restant pas inutilement avec lui, comme un poids à porter. Après tout, elle se révélerait bien inutile alors elle serait plus un poids qu'une aide pour le loup. Alors de nouveau, elle fit un oui de la tête, ne pouvant s'empêcher de culpabiliser, malgré tout. « Merci. » de lui laisser une chance, de prendre les risques seul alors qu'elle ne le méritait pas. « Soyez prudent. » lui murmura-t-elle, restant bien cachée tandis que l'homme mettait son plan à exécution. Et dès que la ruelle fut dégagée, les gardes à la poursuite du semi, la sirène se pressa pour quitter cette dernière. Il lui fallait simplement rester discrète, ne pas paraître suspecte et rejoindre sa soeur, en sécurité, comme Erik le lui avait suggéré. En apparence, ce n'était pas bien compliqué et à côté de ce qu'Erik devait faire, ce n'était rien du tout.